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Resources for assessing the home language competences of migrant pupils

This page will be available in English in 2024. Please refer to the pages in French for now.
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Comment s'impliquer ?


Pour trouver son propre chemin…

Quelle que soit votre situation (élève, parent, enseignant·e / formateur·trice, chef·fe d’établissement…), à chaque niveau d’action, il y a des pistes à explorer, des voies à parcourir pour initier à des pratiques ouvertes à la diversité, faire évoluer les connaissances sur les langues dans leur diversité et les représentations sur la place des langues dans la société, connaitre différents types d’approches en évaluation et outils de mesure liés, accompagner à la mise en place de dispositifs renouvelant l’enseignement des langues…

Il faut oser et se lancer… Peut-être en commençant par des actions très simples qui vont donner une place aux langues dans l’établissement, dans la classe. Avant de penser évaluation, il importe que les langues acquièrent une visibilité.


1. Vous êtes élève ? Suggestions que les enseignant·e·s peuvent transmettre à leurs élèves

De quelle façon pouvez-vous vous impliquer, à votre niveau, en faveur de la/des langue(s) que vous parlez en famille ? Vous aussi, en tant qu’élève, vous pouvez aider à la reconnaissance de votre propre langue parlée en famille dans la salle de classe.
  

Voici quelques exemples d’actions possibles :

  • soyez fier·e des langues que vous parlez à la maison et montrez vos compétences aux autres élèves et à vos enseignant.es ;
  • soyez conscient·e que connaitre d’autres langues que celles de l’école est une grande richesse ;
  • ayez confiance dans votre niveau de langue, sachez qu’il est toujours évolutif ;
  • interrogez-vous sur l’usage et l’emploi des langues que vous connaissez : comment pouvez-vous vous en servir actuellement (dans vos loisirs…) et / ou plus tard (dans votre profession, dans votre vie sociale …) ?
  • demandez la reconnaissance de vos compétences dans votre/vos langue(s) familiale(s) par l’organisation d’évaluations dans votre/vos langue(s) et/ou à propos d’elle(s) ;
  • cultivez des attitudes d’ouverture à la pluralité des langues des répertoires de vos amis, de votre entourage de votre quartier ;
  • soyez attentif·ve à ne pas juger un·e camarade sur un accent, une variété langagière qu’il·elle utilise au quotidien ; veillez à agir vis-à-vis des langues-cultures de votre entourage avec le même respect et ouverture que celui que vous attendez de lui ;
  • soyez vous-même ambassadeur·trice de la pluralité linguistique et culturelle au sein de votre classe ou dans votre établissement ; sensibilisez votre entourage (ami·e·s, famille, classe, …) au rôle central des langues de votre propre répertoire pour les apprentissages et la construction d’une identité plurielle ; initiez des rencontres ; participez à des évènements, dans le cadre de votre classer/établissement par exemple, promouvant la diversité des langues-cultures ;
  • participez activement en cours de langues (y compris celles que l’école enseigne), relevez les éléments permettant de faire des comparaisons entre les langues ;
  • mettez en place des clubs de langues, des cafés, des lieux où les langues peuvent se partager …

Témoignages d’élèves, dispositif « Atouts Langues », France

« J’ai tout de suite été partante et mes parents aussi. Ça montre qu’on prend en compte notre langue et notre culture. Pour mes parents, c’est très important et ils disent que ça va m’encourager à ne pas perdre ma langue. Moi j’ai été étonnée de voir que j’avais un bon niveau. Je n’y croyais pas. ».

« Je voulais passer ces évaluations dans mes langues maternelles arménien et russe car je voudrais devenir traducteur. Avec ces évaluations, je peux prouver à des personnes que je sais bien parler et écrire en arménien et en russe. J’aimerais aider d’autres élèves à découvrir cette richesse. Ce projet m’a permis de m’ouvrir plus de portes pour l’avenir. »

Des exemples concrets :

Avec des camarades locuteur·trice·s d’autres langues d’organiser une fois par semaine sur la pause déjeuner une initiation aux langues et cultures. Vous êtes « professeur·e » pour les élèves (ou enseignant·e) qui le souhaitent : apprendre à dire bonjour, à compter, les jours de la semaine, présenter un·e chanteur·teuse connu·e et apprendre le refrain d’un de ses tubes, etc.

Mettre en place des clubs de langue, des cafés des langues, lieux et espaces de partage et d’échanges de langues.

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2. Vous êtes parent d’élève ?

De quelle façon pouvez-vous vous impliquer, en tant que parent, en faveur de la langue que vous parlez en famille ? Vous aussi, en tant que parent d’élève, vous avez la possibilité d’aider à la reconnaissance de votre propre langue parlée en famille dans la salle de classe ou dans l’établissement que fréquente votre enfant.
  

Voici quelques exemples d’actions possibles :

  • rencontrez les enseignant·e·s de votre enfant, faites leur part de votre souhait de participer à un projet en lien avec l’éducation plurilingue et interculturelle ; renseignez-vous sur les actions existantes au sein de l’établissement de votre enfant et la façon de vous y associer ;
  • inspirez-vous de projets liant écoles et familles existants pour faire des propositions ;
  • renseignez-vous sur les associations dans votre entourage œuvrant pour la diversité linguistique et culturelle ;
  • rejoignez des collectifs de parents (associations de parents d’élèves, conseils d’école, etc.) pour échanger vos idées, faire connaitre dans un collectif et soutenir vos propositions ;
  • participez à des projets de sensibilisation autour de la diversité des langues-cultures de l’établissement (semaine des langues vivantes, etc.) …

Les ressources « Implication des parents dans l’éducation plurilingue et interculturelle » du CELV offrent de nombreuses idées pour l’implication des parents dans l’éducation plurilingue.

Des exemples concrets

  • Dès l’école maternelle, la valorisation des langues et cultures peut se faire grâce à l’écoute de comptines, de chansons, d’histoires dans différentes langues avec la participation des parents.
  • Proposer avec d’autres parents d’organiser une exposition à laquelle les classes viennent à tour de rôle (jeux traditionnels, artistes contemporain·e·s, artisanat et bien sûr cuisine).
  • Se rapprocher des associations culturelles de votre quartier pour avoir une aide.

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3. Vous êtes enseignant·e ?

De quelle façon pouvez-vous vous impliquer, à votre niveau, en faveur des langues parlées en famille par vos élèves ? Vous aussi, en tant qu’enseignant·e, vous avez la possibilité d’aider à la reconnaissance des langues de vos élèves, dans votre salle de classe ou dans votre établissement.
  

Voici quelques exemples d’actions possibles :

  • faites davantage connaissance avec vos élèves à travers des activités plurilingues (de type biographie langagière par exemple), les ressources langagières déjà là et leur histoire, dans une démarche bienveillante et sensible, et en respectant le droit des élèves au silence ; faites usage de différents types de ressources pour mettre en valeur les langues et les représentations des enseignant·e·s et de leurs élèves sur celles-ci à travers des récits multimodaux mis en image et en sons ;
  • renseignez-vous sur les actions/démarches existantes dans votre établissement et dans les quartiers où habitent vos élèves qui transmettent et valorisent les langues des élèves, et sur la façon dont vous pouvez vous y associer ;
  • participez à des actions de formation pour découvrir puis approfondir vos pratiques prenant en compte la diversité des langues-cultures, ainsi que pour mieux connaitre et échanger des pratiques avec d’autres collègues ;
  • inspirez-vous d’actions et de démarches existantes dans d’autres établissements et d’autres classes pour prendre en compte, quelle que soit la discipline enseignée, les langues-cultures de vos élèves ;
  • participez à des actions de promotion d’initiatives pour la valorisation des langues familiales de votre établissement ;
  • sensibilisez l’équipe enseignante et de direction sur l’importance de cette valorisation et, d’une façon générale, sur l’importance d’une éducation plurilingue et interculturelle au vu des enjeux actuels en éducation/formation ;
  • identifiez les sites Internet qui soutiennent la mise en place de ces démarches et proposent des matériaux/ressources dans les langues de vos élèves ;
  • informez parents d’élèves et enseignant·e·s dans le cadre des conseils d’établissement des pratiques mises en place ; participez à la construction d’un projet d’établissement en lien avec la valorisation des langues-cultures des élèves ;
  • à l’aide de vos élèves et de leurs familles, élaborez des quizz avec des questions pour valoriser les connaissances sur les différentes langues familiales des étudiant·e·s ;
  • sensibilisez la direction et l’équipe enseignante à l’utilisation du PEL (Portfolio européen des langues).

Témoignages d’enseignant·e·s :

« Nous nous sommes aperçu·e·s, notamment à l’occasion d’autres projets, que nombre de nos élèves sont multilingues, et que de nombreuses langues sont présentes chez nos élèves. Pourquoi cela serait-il possible pour des langues régionales et pas pour d’autres ? Pourquoi ne pas reconnaitre ces compétences ? Pourquoi laisser cette richesse invisible ?

En savoir plus
Témoignage d’un enseignant, à l’origine du dispositif « Atouts Langues » dans son collège soutenu par la cellule « Innovation » de l’Éducation Nationale. Ce projet a inspiré le dispositif « Atouts Langues », mis en place et porté par AFaLaC.

« My name is Helen English. I am a language teacher and international coordinator at Maynooth Post Primary School, Ireland. There are just over 1000 students enrolled at the school and upwards of 18% are students with migrant background.

I got involved in the RECOLANG project to learn more about how to support the home languages of this international cohort of students. In 2017 I had set up a language club in school to support home languages. The Home-in-Language project was 2018 winner of the European Language Label Award. I see the RECOLANG project as a way to develop this project and achieve greater recognition for the importance of promoting plurilingual repertoires. 

En savoir plus
Témoignage de Helen English (Dublin, Collège) à propos du dispositif d’évaluation des compétences en langues familiales mis en place dans son établissement et dont ont bénéficié certain·e·s de ses élèves.

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4. Vous êtes locuteur·trice ou enseignant·e d’une langue familiale

Vous souhaitez participer aux actions de sensibilisation à l’intérêt de prendre en compte les langues-cultures des élèves ou d’évaluation des compétences des élèves dans votre langue ? De quelle façon pouvez-vous vous impliquer, à votre niveau, en faveur des langues parlées en famille par les élèves et que vous enseignez / dont vous êtes locuteur·trice ? Vous aussi, en tant qu’enseignant·e, vous avez la possibilité d’aider à la reconnaissance des langues des élèves.
  

Voici quelques exemples d’actions possibles :

  • renseignez-vous sur les actions existantes de votre entourage (établissement, réseaux professionnels, associatifs, etc.) en lien avec la diversité des langues-cultures des élèves et sur la façon d’y participer ;
  • prenez contact avec les personnes impliquées dans des dispositifs existants de prise en compte de la diversité des langues-cultures et/ou d’évaluation des compétences en langues familiales ;
  • organisez et initiez des rencontres pour la diffusion de vos actions (cours, séminaires, rencontres interculturelles …) ;
  • participez à des actions de formation (locales, en ligne) sur l’éducation interculturelle ou l’évaluation des compétences en langues ;
  • valorisez la/les variétés/langues de votre répertoire dans les prises de contact et actions éducatives ou d’évaluation menées …

Témoignage d’intervenant·e·s-évaluateur·trice·s

« Le fait d’avoir intégré ce projet n’a pas changé la vision de mes langues ou mon rapport à elles. J’avais déjà une vision très positive et un rapport assez serein avec elles. C’est vraiment dans mes relations aux parents qui rencontraient d’énormes difficultés que cela a été bénéfique. Un projet très concret qui peut aider les personnes à avoir une relation plus apaisée avec leurs langues, adolescent·e·s, mamans, papas. Je me sens donc utile grâce à ce projet. »

Témoignage d’une enseignante évaluatrice, « Atouts Langues », France.
Témoignage de la coordinatrice du dispositif Atouts Langues [vidéo needs to be checked where it is]

Témoignage d’enseignant·e·s de langues d’origine, dispositif de Hambourg

« Un aspect essentiel de l’évaluation des compétences en langue familiale est l’augmentation des chances de formation. De nombreux migrant·e·s n’apportent aucun document et ne peuvent donc pas prouver leur niveau d’éducation. De plus, au lieu d’apprendre une deuxième ou une troisième langue étrangère, les élèves peuvent mettre à profit leurs connaissances de la langue familiale pour leur parcours éducatif. »

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Enseignant en langue d’origine et évaluateur, référent pour le farsi

« Je trouve que l’examen d’évaluation des compétences en langue familiales est une chance précieuse. Sans cela, les nouveaux ·elles immigré ·e·s n’obtiendraient pas le baccalauréat [diplôme de fin d’études secondaires] ou ne passeraient même pas au lycée. Grâce à l’examen d’évaluation des compétences en langue, les élèves peuvent poursuivre leurs études et s’intègrent plus rapidement. »

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Enseignante en langue d’origine et évaluatrice, référente pour l’arabe

«  À l’heure de la mondialisation, il est important que la langue portugaise continue de se développer, que les locuteur ·trice·s de cette langue ne perdent pas leurs origines, leur répertoire culturel et que leurs compétences dans leur langue d’origine soient évaluées. Il est important que les matières soient abordées et développées dans la langue dont elles sont issues, ce qui permet aux élèves de s’exprimer plus efficacement qu’ils ne le feraient dans une autre langue.  »

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Enseignante en langue d’origine et évaluatrice, référente pour le portugais

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5. Vous êtes chef·fe d’établissement ?

De quelle façon pouvez-vous vous impliquer, à votre niveau, en faveur des langues parlées en famille par les élèves de votre établissement ? Vous aussi, en tant que chef·fe d’établissement, vous pouvez aider à la reconnaissance des langues des élèves, dans les salles de classe et au sein de votre établissement.
  

Voici quelques exemples d’actions possibles :

  • faites davantage connaissance avec vos élèves à travers des activités plurilingues ou d’enquêtes au niveau des classes ou de l’établissement ;
  • recensez, soutenez les actions éducatives existantes en lien avec la diversité des langues-cultures de votre établissement en diffusant l’information, en attribuant des moyens (financiers et autres), en construisant en équipe un projet d’établissement portant les valeurs de l’éducation plurilingue et interculturelle ;
  • conseillez, mettez en place des actions de formation sur l’éducation plurilingue et interculturelle et pouvant aboutir à des actions collectives et coordonnées ;
  • soutenez les initiatives collectives d’échanges et de collaboration avec les parents, avec les associations locales, des bibliothèques, des maisons de jeunes ou au sein de réseaux de professionnel·le·s pouvant servir de médiations vers le renforcement des liens avec les familles ou pouvant soutenir la mise en place de pratiques plurilingues et de pratiques d’évaluation des compétences familiales à l’échelle de l’établissement (associations d’interprètes/traducteur·trice·s, de médiateur·trice·s interculturel·le·s, réseaux d’enseignant·e·s ou de personnes ressources dans les langues familiales des élèves, les centres et instituts culturels, les maisons de jeunes, les médiathèques) ;
  • encouragez des collaborations avec les bibliothèques, les ludothèques ;
  • mettez en place avec des établissements proches ou soutenez des réseaux d’établissements, autour de l’éducation interculturelle notamment, par des projets de type eTwinning ;
  • veillez à une continuité dans les actions menées, en les présentant lors des conseils d’établissement, en établissant des temps de régulation et suivi avec les différents partenaires, en adaptant/faisant évoluer les actions en lien avec les besoins des élèves et votre contexte de politiques éducatives.

Des exemples concrets :

  • sur une période scolaire, remplacer l’habituelle sonnerie par une chanson connue/musique de ces pays ;
  • plusieurs fois dans l’année, organiser à la cantine des repas traditionnels ou représentatifs d’une région/d’un pays en sollicitant les parents sur la composition du menu ;
  • demander à chaque classe de lancer avec les élèves une enquête sur les pratiques langagières des élèves ; créer un mur des langues ;
  • proposer des fleurs des langues pour composer le jardin des langues ; par classe, il s’agit de l’ensemble des biographies langagières des élèves, représentées sous forme de fleurs, chaque pétale indiquant une langue familiale et/ou des types de contacts de langues ; ces jardins peuvent embellir les murs de l’école ;
  • faire participer son établissement à des évènements plurilingues (concours de nouvelles ou de productions créatives plurilingues avec les langues familiales parlées dans l’établissement, par exemple concours de Kamishibai plurilingue, https://dulala.fr/concours-kamishibai-plurilingue/ ou au concours CréAFaLaC, www.famillelanguescultures.com/pages/nos-projets-phare/creafalac.html ;
  • organiser et mettre en place des dictionnaires plurilingues illustrés, avec les langues familiales ;
    afficher un planisphère avec le pays/la région d’origine de tou·te·s les élèves et le bonjour dans chacune des langues/variété ;
  • avec les élèves, créer des panneaux d’informations ou de direction multilingues ;
  • créer un règlement intérieur simplifié traduit dans les langues présentes.

Prenez connaissance et inspirez-vous de la trame de questionnaires qui a servi pour l’enquête ! A diffuser largement dans vos réseaux !

Témoignages de chef·fe·s d’établissement / acteur·trice·s politiques

« L’enseignement des langues d’origine à l’école offre aux élèves plurilingues la possibilité de développer leurs compétences dans leur langue d’origine dans un cadre institutionnel officiel. L’environnement des élèves plurilingues est marqué par différentes langues. La plupart du temps, il·elle·s parlent leur langue d’origine dans leur famille et l’allemand à l’école. En raison de ces différentes situations de communication, les capacités linguistiques dans la langue d’origine et en allemand sont souvent très inégalement développées. Comme la langue d’origine est principalement parlée au quotidien, il leur manque souvent l’accès à la langue écrite. En allemand, en revanche, les élèves y parviennent en allant à l’école.

Les cours de langue d’origine permettent aux élèves de développer leurs compétences dans la langue d’origine en apprenant à lire et à écrire et en accédant ainsi à la langue écrite. L’étude du passé et du présent par le biais de différents textes, de la littérature, de la musique, etc. à l’aide des possibilités du numériques ouvre et approfondit les connaissances sur la culture d’origine. En outre, il favorise les compétences interculturelles par des comparaisons entre univers germanophones et d’autres univers. L’enseignement de la langue d’origine soutient ainsi le développement de l’identité et de la personnalité des enfants et des jeunes plurilingues en valorisant et en encourageant leurs ressources plurilingues et multiculturelles. »

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6. Recommandations pour la mise en œuvre d’une évaluation équitable ?

La finalité de l’évaluation des langues familiales est de porter l’équité et la diversité comme des valeurs pour optimiser l’accès de tous les élèves à la vie sociale et citoyenne.

Au niveau individuel, l’évaluation des langues familiales valorise les locuteur·trice·s à l’école, et cette reconnaissance leur apporte un gain psychologique, social, cognitif et linguistique. Elle contribue à développer des attitudes plus positives vis-à-vis de l’école et à soutenir les apprentissages. Tout en reconnaissant les acquis de la sphère familiale, elle permet de décloisonner les différentes sphères de socialisation que rencontre le·la jeune et ainsi de diminuer les inégalités bien connues d’accès aux apprentissages ou tout au long des parcours éducatifs.

Au niveau de l’établissement, mettre en place des évaluations des compétences en langues familiales permet d’aller vers plus d’équité en éducation, en offrant une scolarisation et une formation inclusives aux élèves dont certaines compétences étaient jusque-là invisibilisées par ou dans le système éducatif qui les accueille.

Le type d’évaluation recommandée pour mesurer les compétences dans des langues acquises dans différentes situations non formelles (familles, etc.) prend acte des limites d’une évaluation des compétences en langue basée sur des contenus (de niveau de compétence) standardisés et qui ne prennent pas en compte la variété et l’hétérogénéité des compétences en langue d’un·e locuteur·trice. En ce sens, l’évaluation recommandée est personnalisée : elle donne des informations, qui s’appuient sur des mesures critériées, parfois quantitatives, mais pas seulement et pas exclusivement. Elles donnent de l’élan pour les apprentissages et ouvrent la possibilité d’une formation en cours ou à venir. En cela, l’évaluation des compétences en langues familiales s’appuie sur des formes alternatives d’évaluation (observation, entretiens parfois accompagnés d’un·e interprète, biographie langagière, portfolio, texte identitaire, etc.). Elle est positive, car elle ne cherche pas à sanctionner.

Elle a également une visée équitable, car elle prend en compte les parcours et les répertoires dans leur diversité. C’est cette visée formative et inclusive qui assure la cohésion entre les différentes formes d’évaluation des compétences en langue rencontrées par le·la locuteur·trice dans un processus potentiellement médiateur.

Quelques conseils pratiques à destination des établissements et équipes enseignantes pour la mise en œuvre d’une évaluation des langues familiales

Au niveau des établissements :

  • Identifier des objectifs dans la mise en œuvre de vos évaluations
  • Identifier et apprendre à connaitre votre public et son contexte
  • être attentif·ve à l’âge des élèves, leur situation dans le système éducatif (entrée, nombre d’années dans le système éducatif, moins/plus de trois ans), leur parcours et leurs langues/variétés (familiales, de scolarisation antérieure, de socialisation amicale, langues vivantes apprises dans le cadre scolaire, etc.) ;
  • être conscient·e qu’un pays a souvent de nombreuses langues sur son territoire. Se renseigner (on ne peut pas tout savoir). Par exemple, le congolais n’est pas une langue. La République démocratique du Congo (pour ne parler que de ce Congo) a quatre langues officielles et compte environ 200 langues « ethniques » ;
  • être conscient·e que la désignation des langues est souvent liée à l’histoire de la colonisation et que les locuteur·trice·s ne se reconnaissent pas toujours dans cette hétéro-désignation de leur langue. (Voir le cas du taki-taki)
  • dans une situation de positionnement à l’entrée du système éducatif, veiller à mettre en place un entretien avec les parents et/ou interprètes et/ou enseignant·e de la langue de l’élève, pour mieux connaitre l’élève, ses besoins, son projet et celui de la famille.
  • Trouver des partenaires dans son établissement et dans son cercle professionnel pour constituer un réseau
  • identifier et constituer un réseau d’enseignant.es ou de collègues experts de la/des langues ciblées, connaissant ou ayant participé à des évaluations de ce type ;
  • identifier un réseau de personnes expertes dans la /les langues ciblées (traducteur·trice·s, interprètes, enseignant·e·s de langues) ;
  • mobiliser les réseaux de professionnel·le·s existants (Instituts culturels, réseaux des ambassades et consulats, associations, etc.).
  • Faire connaitre son projet
  • faire connaitre son projet au niveau de l’établissement de l’autorité locale/régionale d’éducation, chercher des appuis ;
  • effectuer une enquête auprès des élèves/familles pour recueillir leurs besoins et motivations ; ceci peut s’avérer très utile pour recueillir les langues en présence et le nombre d’élèves susceptibles d’être intéressé·e·s ;
  • encourager la coopération entre les équipes enseignantes, la famille et dans un sens large avec les environnements socioculturels des élèves.

Au niveau de l’établissement, de l’équipe enseignante / de l’enseignant·e :

  • Former et se former
  • Observer des situations d’évaluation :
    • repérer des dispositifs et pratiques existants dans vos réseaux aussi bien institutionnels qu’associatifs et aller observer, enquêter.
  • Organiser des ateliers d’échanges de pratiques (sur la conception de matériaux, sur la passation), mutualiser idées et ressources.
    • s’appuyer sur le réseau construit pour échanger sur les pratiques et les idées ;
    • offrir un soutien professionnel pour la préparation et la passation des évaluations, par exemple en fournissant des exemples de correction, en organisant des moments d’échange pour les évaluateur·trice·s.
  • Mettre sur place des actions de type recherche-action pour des pratiques collaboratives interprofessionnelles (enseignant·e·s, personnels de direction, chercheur·e·s, associations, etc.)
  • Mettre en place des environnements d’évaluation de qualité
  • Informer / préparer les élèves 
    • informer/échanger avec l’élève à propos de la valeur ajoutée de cette évaluation pour lui/elle ;
    • mettre à disposition des élèves des épreuves d’entrainement ;
    • prévoir des retours sur les positionnements et mesures effectuées.
  • S’adapter au moment de la passation
    • prévoir des modalités plurilingues (ressources extérieures, consignes bilingues, etc.) ;
    • prendre en compte le contexte socio-émotionnel et éducatif des élèves et de leurs familles ;
    • faire appel à la multimodalité : intégrer des éléments visuels, audio ;
    • intégrez des tâches de médiation interlinguistique pour valoriser les compétences bi-plurilingues [renvoi à la partie « Quels principes… », la partie « Une activité langagière à ne pas négliger… celle de médiation »].
  • Assurer une évaluation de qualité
    • présenter les procédures et les outils d’évaluation utilisés ;
    • afficher clairement les buts de l’évaluation et ses limites ;
    • recueillir des retours des évalué·e·s et des évaluateur·trice·s ;
    • proposer des tâches et des matériaux porteurs de sens du point de vue de l’âge, des usages langagiers et du contexte culturel et économique des élèves ;
    • prioriser à la capacité des apprenant·e·s à se faire comprendre dans des contextes pertinents pour eux·elles, en lien à leur âge, à leurs expériences personnelles, etc. ;
    • distinguer les compétences communicatives de base (contextualisées par exemple parler de la météo, téléphoner à un·e ami·e ou décrire un objet concret : BICS) [lien avec le glossaire] et les compétences linguistiques cognitives (CALP), comme résumer un texte, donner une définition. [voir des exemples dans la partie « Quels principes… »,  « Penser des critères d’évaluation à la hauteur de l’hétérogénéité des parcours et situations d’apprentissage »]

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7. Conseils aux évaluateur·trice·s et de façon générale, à toute personne impliquée dans l’évaluation des compétences en langue familiale

Evaluer des compétences en langue dans le sens de mesurer des compétences jusque-là non prises en compte nécessite certaines précautions de façon à réunir les conditions favorables pour cette évaluation :

être attentif·ve à rester ouvert·e à la diversité des profils, des expériences des étudiant·e·s, à ne pas chercher à « catégoriser » les profils en voulant mettre les étudiant·e·s dans des « cases » (du fait de similarité dans les parcours, les répertoires, etc.) ;
vérifier en échangeant avec l’élève que la langue proposée pour évaluation est bien la variété de langue de son répertoire qu’il·elle souhaite faire évaluer ;
vérifier également la variété utilisée/connue par l’élève, de façon à présenter le matériau correspondant bien aux compétences de l’élève ;
s’autoriser à des imprécisions dans l’évaluation (à l’oral, à l’écrit), parce que ce qui est visé correspond à ce qui est produit et qui peut être valorisé en tant que tel (et non ce qui manque ou est lacunaire, etc.) ;
être attentif·ve à la dissymétrie dans les compétences en langue (des résultats dans une compétence à l’oral ne présagent pas de résultats comparables de compétences à l’écrit pour un·e même élève, et réciproquement) ; proposer l’évaluation de compétences dissociées ;
être conscient·e que certaines langues n’ont pas de forme écrite standardisée ce qui ouvre la voie à des variations importantes dans les productions écrites ;
être attentif·ve au fait de ne pas donner plus d’importance à certains critères par rapport à d’autres. Par exemple : ne voir que les erreurs d’orthographe grammaticale dans une épreuve de production écrite, etc.

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8. Témoignages des membres de l’atelier RECOLANG en décembre 2021

Due to the global immigration processes, multilingualism has become progressively mainstream in Europe. To acquire the language of the host country is the starting point of social integration, at the same time the level of the home language competence plays an important role in the acquisition of the institutional language. Therefore the heritage language assessment is a great opportunity to acknowledge language competence other than the official language(s) of the host country. The maintenance of the home language and the cultural heritage supports to find the feeling of familiarity with and belonging to the new home country. In this process, the language assessment can play an important role. However, the testing tools show great differences, using a specific, highly standardised system (CEFR) assures that the results of the measurement should be comparable. In my understanding, the one and only critical momentum of the language testing would be, that while the acknowledgement of someone’s heritage language helps the person to connect to the mainstream society, the opposite feelings could be caused by stating that the level of knowledge of the home language is maybe lower (A2 or B1) than native language user’s level (C1 or C2). I find this especially a neuralgic point since in most of the cases the heritage language is the home language as well as the mother tongue of the speaker.

In Hungary, the main question concerning language assessment stems from the fact that the immigration rate is very low compared to other EU countries, meaning that the immigrant groups with the same language background are very small. They are mostly second, maximum third generation migrants, therefore the conditions of the assessment in human resources as well as testing materials are not guaranteed.

Témoignage de Dr. Schmidt Ildikó, Károli Gáspár University of the Reformed Church, Hongrie

Vidéos :

Ø  Sandro Caruna (Université de Malte)

Marian von Popta (Pays Bas)

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9. Explorer les pratiques d’évaluation des compétences en langues familiales dans votre contexte

Pour obtenir une image factuelle de la situation des langues familiales dans votre contexte, il serait peut-être intéressant de mener une enquête auprès des élèves concerné·e·s et des représentant·e·s du système éducatif. Le questionnaire RECOLANG peut être envisagé à cet effet. Le questionnaire peut être adapté et/ou traduit dans différentes langues familiales, afin que les élèves concernés n’aient pas à surmonter d’obstacles linguistiques lorsqu’ils répondent aux questions.

Le questionnaire RECOLANG a été utilisé pour l’enquête européenne sur la place des langues familiales à l’école, notamment dans les parcours scolaires des adolescent·e·s migrant·e·s entre 11 et 18 ans. Le rapport de cette enquête (link to the survey pdf) présente des données sur les pratiques d’évaluation des compétences en langues familiales et leur rôle dans les différents systèmes éducatifs européens.


Le questionnaire RECOLANG est constituée de deux volets complémentaires à destination de deux publics cibles :

  • Un volet destiné aux élèves âgés de 11 à 18 ans (ou leur famille), ayant une histoire de migration et une ou plusieurs langues familiales d’usage autres que la/les langue(s) de l’école.
  • Un volet à destination des institutions scolaires et éducatives, équipes enseignantes et d’encadrement des établissements scolaires, d’accueil et de formation initiale et continue des enseignant·e·s travaillant avec ce groupe d’âge (11-18 ans).